28 août 2018 _ Réunion de rentrée des personnels d’encadrement _ La prise de parole du secrétaire académique
Monsieur le Recteur,
Merci de nous permettre de prendre la parole en cette journée de rentrée de l’encadrement.
Cette rentrée est marquée, entre autres, par l’absence de circulaire de cadrage, ce qui pourrait ne pas être un problème en soi, puisque parallèlement, Monsieur le Ministre réaffirme avec force conviction la confiance qu’il a en ses personnels.
Nous demandons seulement que cela se confirme au quotidien, à la hauteur de notre expertise de terrain.
Et il va nous en falloir de l’expertise et de la maitrise…
Nous avons subi, fait fasse et accompagné comme il se doit les décisions de notre Ministère, comme devoirs faits, les évaluations de 6ème, le double professeur principal en Terminale en cours d’année, ParcourSup et ses messages d’information successifs qui parfois nous donnaient à peine quelques heures, sinon minutes selon la communication ministérielle, d’avance sur les familles.
Ces demandes ont de nouveau dégradé nos conditions de travail déjà bien malmenées.
Monsieur le Ministre nous réaffirme sa confiance, il le peut ; il nous remercie pour le travail effectué, il le peut.
Indépendance et Direction le redit : sans les personnels de direction, aucune réforme, aucune décision du ministère ne peut trouver sa réalisation. Nous pouvons le prouver si besoin, la plus sûre des méthodes étant de cesser le zèle qui nous caractérise et de faire respecter notre cadre horaire.
D’ailleurs, nous demandons, Monsieur le Recteur, qu’un GPL académique soit spécifiquement dévolu à l’évaluation de la charge de travail de vos personnels de direction et aux moyens de la rendre compatible avec une vie professionnelle et personnelle équilibrée.
Nous sommes accablés de charges ce qui nous rend vulnérables : fatigue, irritabilité, tensions, mal être et voire burn-out en sont les conséquences trop fréquemment constatées.
Des problèmes de management en découlent immanquablement.
Les CHSCT, que notre organisation a déjà dénoncé comme étant des « tribunaux à chef », sont de plus en plus souvent saisis ou, plus inquiétant, s’auto-saisissent, ce qui est pire car hors de contrôle. Vous savez, monsieur le recteur, que certaines équipes savent mettre à profit ce contexte pour s’arroger des droits qui ne sont pas ceux définis, loin s’en faut parfois, dans leur référentiel de compétences.
L’augmentation des visites de CHSCT et d’enquêtes administratives est un signe préoccupant des tensions internes que vivent les établissements scolaires mais, surtout, que les chefs d’établissements subissent mettant en cause leur intégrité psychologique, avec souvent des répercussions sur leur entourage. Certes des règles de gestion de ces problématiques vous contraignent, vous et vos services monsieur le Recteur, mais comment imaginer avoir la sérénité indispensable à l’exercice de notre métier au quotidien quand, lorsqu’une enquête est déclenchée, l’équipe de direction est en attente d’éléments qui lui permette de comprendre le fond du sujet ? Le principe du contradictoire, que nous appliquons par ailleurs, apparaît dès lors bien éloigné.
Nous disons, attention, vous devez vous préoccuper de vos cadres qui peuvent certes commettre des erreurs mais qui doivent également pouvoir les traiter au plus près des réalités locales que nous connaissons.
Alors, nous pouvons évoquer les difficultés techniques de ce qui nous est annoncé, comme :
-
ParcourSup et les élèves aujourd’hui sans solution, lesquels se tournent vers nous pour comprendre … comment leur expliquer que le travail tout au long de l’année n’a pas suffit ?
-
La réforme du bac, et par voie de conséquence la réforme du lycée, sans connaitre les modalités d’affectation et les modalités d’orientation ou la carte des formations, alors que nous devons programmer les réunions des parents de 3ème et de 2nde très rapidement après la rentrée ?
-
Les rapports dévoilés cet été comme celui de la mission WEIL sur la réforme de l’organisation territoriale et la perspective des 13 académies métropolitaines calées sur les grandes régions, avec une prise directe et forte des collectivités territoriales (et le retour des conventions tripartites…) ?
D’ailleurs, à ce propos, Monsieur le Recteur, lors du GPL du 25 mai Notre organisation a réaffirmé le souhait, qui semble légitime, d’associer dès maintenant les personnels de direction aux perspectives de gouvernance de ce nouveau cadre et plus spécifiquement au niveau local. Il sera alors possible de réinventer la place des personnels de direction, échelon de terrain, dans le système ainsi redessiné.
-
Et que dire de la ligne préconisée par le rapport CAP 2022 qui stipule que les personnels de direction bénéficient d’une plus grande confiance, avec des responsabilités et possibilités d’actions élargies et afin de rendre compte des évolutions de leur établissement scolaire.
Nous pouvons évoquer tout cela MAIS, si nous ne pouvons exiger de certains personnels enseignants, minoritaires mais inversement proportionnellement préoccupants de se mettre en conformité avec leurs obligations professionnelles de base comme être ponctuels, faire l’appel, évaluer leurs élèves ou être présents à des réunions (il faut reconnaitre qu’ils savent exploiter le flou si artistique de la modification de leur statut qui n’exige finalement plus rien), ou de faire preuve de respect des personnes que nous sommes sans que cela ne fasse réagir nos autorités nous incitant à l’apaisement (avec ce sentiment d’avoir été un peu trop zélé ?…) là où nous ne faisons qu’appliquer ce qui est attendu de nous et d’eux ?
Nous pouvons évoquer la technicité de la rentrée, mais avant tout, il est urgent de nous repositionner en tant que cadre de terrain, représentant de l’Etat, en nous en redonnant la capacité d’agir.
Les personnels de direction disposent déjà des marges de manœuvres pour réellement piloter avec précision et fine connaissance leurs établissements : il est temps de leur donner les moyens de les mettre en œuvre, plutôt que de préconiser des intentions qui ne resteront certainement que des intentions dilatoires.
Je vous remercie.