Prise de parole _ REUNION DE L’ENCADREMENT POITIERS 28 AOUT 2017
REUNION DE L’ENCADREMENT
POITIERS 28 AOUT 2017
Madame la Rectrice,
Merci de nous permettre d’exprimer nos préoccupations à l’occasion de la réunion de rentrée de l’encadrement.
Je ne vais pas me lancer dans une longue chanson avec de nombreux couplets où je pourrais par exemple évoquer la question de la carte des collèges en Charente, la question du service santé social et des moyens humains mis en œuvre, les différences de pratiques ou politiques départementales (ex lettre de mission, convention tripartite), le devenir des animateurs culturels ou la notion d’autonomie dans les établissements.
Je pourrais mais cela serait trop long et nous ne manquerons pas d’aborder ces points et d’autres en GPL académique et départementaux.
D’ailleurs, Madame la Rectrice, INDEPENDANCE ET DIRECTION tient à vous redire notre satisfaction quant à la méthode que vous avez mis en œuvre, à savoir les différents groupes de travail où vous associez les représentants des personnels de direction et les Groupes Permanent de Liaison (GPL académique) que vous avez choisi de réunir environ tous les mois.
Mais toutefois, ceci ne peut effacer les imperfections rencontrées cette année, imperfections qu’il convient de détailler.
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Les applications numériques :
Nous, chef d’établissement, devons composer et subir des applications numériques sans logique, où nous sentons bien que le concepteur ne s’est pas préoccupé de l’utilisateur, applications nombreuses dont beaucoup s’ignorent entre elles, qui nous demandent beaucoup de temps d’adaptation pour une prise en main, sans compter les nombreuses mise à jour synonymes d’interruption de services à des moments jamais opportuns. D’ailleurs ce nombre de mises à jour démontre à quel point ces applications sont livrées non finalisées : le sentiment d’imprécisions prédomine, ce qui est regrettable à l’heure où nous recevons la commande de faire vivre le numérique plus que jamais dans nos établissements …
Entre un LSU qui nous a donné des sueurs froides jusqu’à la dernière minute, il convient d’ailleurs à ce sujet de saluer l’équipe du DANE pour son suivi, un Cyclades dont l’ergonomie et l’algorithme ne permettent pas d’éditer les convocations pour les examens en établissement et un APB catastrophique qui n’affecte pas les étudiants, on sent toute la précipitation, certains iraient jusqu’à employer la notion d’amateurisme des équipes chargées de développer ces applications faites par des personnes qui, manifestement, ne doivent pas savoir comment fonctionne un établissement.
Ces applications nous envahissent et nous font devenir des techniciens spécialisés, mais est-ce notre mission première ? NON. L’outil ne doit pas devenir une fin en soi mais être au service de l’objet.
L’audit ministériel réclamé et obtenu par INDEPENDANCE ET DIRECTION doit rendre des conclusions au plus vite pour nous éviter une nouvelle année aussi désastreuse dont nous ne pouvons pas nous considérer comme responsables.
Par contre, le Ministère sait nous dire et communiquer aux parents d’élèves que l’échelon opérationnel est en établissement, tout se réalise en établissement : traduisons, l’établissement et celui ou celle qui est à sa tête sera le responsable en cas d’erreur.
Par ailleurs Il n’est pas acceptable que les cadres que nous sommes aient connaissance d’annonces par les médias, les dites annonces présentant un aspect prématuré et hâtif qui étonne.
Nous ne devons plus accepter cette façon de faire ni cette pression illégitime appuyée par ces injonctions toujours aussi urgentes qu’à la mandature précédente.
Les problèmes des applications que je viens de détailler ne sont en fait qu’une partie de réalités plus profondes que sont par exemple les examens et l’orientation.
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Les examens et l’orientation
Cyclades et le LSU posent la question des examens, devenus plus qu’avant, d’une complexité démesurée. Le DNB est devenu ahurissant dans son organisation avec des copies séparées mais agrafées ensembles, des sujets à donner puis reprendre puis redonner, sans parler des candidats à ne pas laisser sortir faute à un calendrier qui n’avait pas besoin d’être revu. Franchement…
Le DNB est presque devenu aussi compliqué que le baccalauréat
Les taux de résultats du DNB interrogent … pourquoi ne pas introduire la notion de plus-value de l’établissement afin de mettre en valeur le travail des équipes comme pour le bac ?
Parlons de ce dernier.
Les convocations qui n’arrivent pas, les candidats qui changent d’option jusqu’à la dernière minute, les sujets erronés, les candidats à reconvoquer un vendredi après midi.
Les chefs d’établissement subissent ces avatars, mais sont désignés responsables par la colère des usagers pour lesquels nous sommes le seul interlocuteur.
Il faut s’interroger sur le devenir du baccalauréat.
La question que posent les déboires chaotiques d’APB est celle du rôle et du statut à donner à cet examen, 1er pas dans l’université : il faut avoir à l’esprit la place et les objectifs à lui faire jouer et ne pas se laisser tenter par une réforme sous le simple vecteur organisationnel.
En effet le Baccalauréat n’est pas un simple examen de fin d’études, il est le 1er grade universitaire : APB ne peut constituer un rempart ; l’application est un outil au service des bacheliers et non une machine à trier au service de l’Université.
En touchant au baccalauréat dans sa dimension organisation, attention à ne pas ouvrir une boite dont le contenu nous échapperait … car il nous sera rappelé que ce sont les chefs d’établissement qui ont demandé à l’ouvrir.
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Les conditions de travail et rémunération
Comment parler des points précédents sans évoquer immanquablement nos conditions de travail.
La grande majorité d’entre-nous dépasse les 44h de travail décrits dans notre statut de cadre, quota horaire parfois atteint dès le jeudi. Et il est illusoire de penser que le temps dépassé peut être versé sur un compte épargne temps, dont la plupart parmi nous ignore les mécanismes. Alors de là à penser que nous pourrions récupérer les dites heures hors des congés scolaires…
Ainsi, comment s’étonner que des collègues craquent ? Quand on réalise le stress et la fatigue accumulés, comment ne pas comprendre que des collègues puissent avoir une parole malheureuse envers un élève, un parent ou un enseignant, débordement regrettable mais compréhensible aussitôt exploité à notre encontre ? (je ne rappelle pas le rôle des CHSCT fer de lance des enseignants contre les chefs, et de la multiplication des arrêts de travail pour « choc émotionnel réactionnel » qui ne veut rien dire mais qui dit tout ! )
Nous souffrons de surmenage, et ce dans le plus grand silence, car nous avons honte de parler, comme le décrit si bien Boris Cyrulnik.
Et pourtant les personnels de direction sont à la tâche, toujours présents.
Il faut arrêter de culpabiliser : nous faisons bien et largement notre travail, nous sommes essentiels au fonctionnement de l’Education Nationale en collège et lycée, il faut arrêter de ne pas dire les choses : sans les chefs d’établissement aucune réforme ne peut se mettre en place.
Et quelle est notre reconnaissance ?
Pourquoi n’avons-nous pas vu nos indemnités augmenter comme nos collègues inspecteurs ?
Nous devons avoir la même reconnaissance.
Alors que nous donnons des indemnités aux enseignants, nous, nous n’y avons pas droit.
Et pourtant, en ce qui concerne le numérique et son suivi dans les établissements, qui préside les comités TICE ?
Qui effectue le suivi des niveaux inter-cycles ? Qui préside les conseils écoles collège ? Qui suit les élèves dans les cellules de veille ? Qui suit les élèves dans leur orientation et qui effectue aussi les rendez-vous d’orientation ?
Alors pourquoi n’avons-nous pas droit à l’IMP de RUPN, à l’IMP de niveau de cycles, à l’IMP de décrochage et une indemnité ISOE de suivi des élèves ?
Voici ici 4 exemples évidents, au moins pour nous, de reconnaissances financières légitimes.
Il est temps de parler sérieusement de notre rémunération, sérieusement c’est-à-dire sortir des voiles de fumée tels que le CET ou l’IF2R, qui sont de vrais échecs de négociations financières.
Nous sommes cadres, nous ne voulons pas un allègement de notre travail mais être payés en conséquence de celui-ci, comme d’autres le sont.
Il faut exiger une augmentation de salaire annuelle d’au moins 4 IMP (je les ai citées) : et je sais que nous pourrons compter sur les représentants de INDEPENDANCE ET DIRECTION désormais assis à la table des discussions avec le Ministre tant au CTM qu’au GPND.
Si M. le Ministre veut réellement une rentrée chantante et joyeuse, il est temps de nous entendre, sans quoi, les chefs d’établissement pourraient s’ajouter au cortège prochain et hurler leur mécontentement.
Je vous remercie.